Un nouveau monde
Alors que tout allait de plus en plus vite. En tout cas, c’était une course infernale après laquelle l’homme soi-disant « civilisé » courait : les transports, les nouvelles technologies, la consommation, la construction tout était poussé à l’extrême jusqu’à aller chercher à développer le transhumanisme et croire en notre immortalité.
A analyser notre évolution démographique, nous avons réussi à repousser notre espérance de vie avec une moyenne de 78 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes. Bien que nous connaissions actuellement un certain plafond face à l’allongement de l’espérance de vie, l’homme croit en son immortalité comme un être supérieur. Peut-être désire-t-il revenir au début de l’humanité à la Genèse d’Adam et Eve ? Encore faut-il pouvoir et savoir vieillir en bonne santé ! André Malraux disait : « il vaut mieux rajouter de la vie aux années que des années à la vie ».
Mais pourtant…
Tous les facteurs environnementaux, sociétaux, humains, la faune, la flore, etc semblent remettre en question la place de l’homme sur la planète terre. Bien que nous soyons aujourd’hui plus de 67 millions d’humains, quel est notre avenir ?
En effet, beaucoup d’entre nous se battent et croient en l’immortalité de notre espèce. Peut-être comme les dinosaures, il y a seulement quelques millénaires d’années… il n’y a qu’a voir, par exemple, à travers leur pseudo « coopétition » auxquels se livrent les géants des nouvelles technologies face aux acteurs majeurs du secteur de la santé et pharmaceutique.. Pourrions-nous un jour créer un homme qui traverse les générations, les évolutions climatiques, … il est inconcevable de penser que l’homme serait une espèce supérieure face à l’univers qui nous entoure. Et pourtant, tout laisse penser que certains défendent cette vision..
Parallèlement dans nos organisations occidentales, une véritable crise de sens semble s’opérer. Il n’y a jamais eu autant de burn-out, bore-out ou encore de brown-out. Est-ce la maladie du siècle ? Non, la Covid vient remporter la partie (du moins pour cette décennie) !
Et, si ce virus était notre sauveur ? Bien que la période semble être une période difficile, cette étape aura été utile pour que l’humanité s’interroge et se remette en question. Nous sommes des êtres ambivalents mais résilients. C’est lorsque nous rencontrons la douleur, la souffrance que l’homme agit et prend des mesures curatives et nous unir. La covid est un signal fort !
N’est-ce pas la meilleure période pour reconstruire notre monde, nos propres règles ?
Certains n’ont pas attendu cette période pour s’engager et envisager le monde d’après. Je pense, par exemple à l’économie symbiotique. Les nouvelles générations semblent avoir compris et s’engagent de plus en plus dans une démarche minimaliste et pour une vie au moment présent. Posséder les richesses ne sauvera pas notre espèce. Sans rentrer dans les extrêmes, ne serait-il pas intéressant de revenir à un temps où nous prenons le temps de vivre ? Que nos entreprises soient rentables sans pour autant chercher à toujours gagner plus ? Il en vient à se poser la question où se trouve la véritable richesse : est-ce le PIB (qui dégringole) ou tout simplement, être épanoui dans sa vie professionnelle et personnelle. Pourquoi chercher à tendre vers toujours plus de profit ? Pourquoi faire ? Pour derrière faire un burn-out ? Et si une vie simple ne serait-elle pas la solution au bonheur tant convoité par ces salariés de ces bullshit jobs en perte de sens dont eux-mêmes n’en comprennent pas l’intérêt (ou ne sentent pas utiles socialement) ? S’ils étaient 10% avant la crise du covid à plaquer leur poste de cadre parisien pour faire un CAP de Menuisier, aujourd’hui l’intention est de plus en plus vive. Je suis frappée par le nombre de personnes avec lesquelles j’échange lors de mes entretiens de recrutement et me disent « je veux quitter paris, plaquer mon job à la con, plaquer mon entreprise. Je n’en peux plus d’être salarié, enchainer les réunions qui ne servent à rien et surtout dépendre d’un petit chef qui est seulement là pour se faire briller ». Il est loin le temps où nous faisions carrière dans une et une seule entreprise. Aujourd’hui, l’avenir du CDI semble être à son tour, de plus en plus, menacé ! Je suis frappée de voir le nombre de personnes qui ont décidé de signer une rupture conventionnelle car elles ne sont plus épanouies dans leur poste actuel. Le gens se disent : “C’est maintenant que je dois le faire même si je ne sais pas quoi faire. En effet, je ne me retrouve plus dans les valeurs que porte mon entreprise. Si je suis salarié, c’est uniquement pour mon crédit immobilier à la banque. Je rêve d’être libre, d’être à mon compte !” C’est ainsi, que l’on voit apparaitre une nouvelle génération d’indépendants qui parfois deviennent des slasheurs afin de compiler entre un travail alimentaire et un travail passion. Ils acceptent alors de gagner moins mais d’avoir beaucoup plus de temps disponible pour leur passion, leurs amis, leur famille ! En 2020, on ne fait plus carrière comme en 2000. Les grands groupes ne font plus rêver. Alors pour faire revenir ces nouvelles générations dans les entreprises, celles-ci doivent se réinventer : ce sont les entreprises à mission, les ESS, ou bien encore les investissements des entreprises dans les start-ups sous un format d’intrapreneuriat. En effet, un schisme se dessine, de plus en plus, entre les entreprises et ces nouvelles générations. Si demain, le CDI n’est plus la norme alors il va falloir réfléchir aux schémas de nos organisations. Est-ce que le lien de subordination sera-t-il supprimé ? est-ce que les indépendants pourront-ils choisir réellement de travailler où ils veulent et quand ils veulent ? quelles en seront les dérives ? Par ailleurs, pourrions-nous réinventer le monde du salariat ? de tendre vers un salariat plus responsable et engageant ? Quoi qu’il en soit, les entreprises pour attirer, recruter et fidéliser ses meilleurs talents devront innover. Mais pour séduire ces talents, l’entreprise, pour résister aux crises de sens, devra bien se connaitre, c’est-à-dire qu’elle ait défini ses valeurs profondes, fondamentales mais également de définir quelles sont ses valeurs managériales afin de favoriser l’adhésion ou non de ses talents (internes, externes). Par ailleurs, l’entreprise devra être humaniste et ne pas être décorrélée du monde qui nous entoure. J’ai trop souvent entendu dire : “il y a la vie pro et il y a la vie perso. On n’est pas là pour faire du social“. Pour tout vous dire, c’est une phrase que je souhaite remettre en question. Si les entreprises se définissent, aujourd’hui, comme une entreprise à mission, ne s’agirait-il pas de faire du social justement? Et si l’entreprise est un lieu qui réunit des êtres humains dans un but professionnel et lucratif, pourquoi n’y aurait -il pas la place pour du social. D’ailleurs le mot social, ne viendrait-il pas du mot société (et donc d’un ensemble d’êtres humains). Pour moi cette phrase est un non-sens.
Au contraire, la société, l’entreprise ne serait-elle pas le lieu, la “marketplace” du social (et du lieu et du lien social) ?